lundi 17 décembre 2012


De l'Origine à la Conquête

NOUS REMONTONS en arrière dans l'histoire
de l'Algérie, en général, et de Médéa en
particulier, ce n'est qu'à partir de la
domination romaine que nous trouvons,

dans la ville et ses environs, quelques traces des
habitants.

Il est très compréhensible que les premiers peuples,
Gétules ou Lybiens, Berbères ou Abyssins qui, selon
Salluste, occupèrent successivement l'Afrique du Nord,
aient laissé peu d'empreintes de leur passage. Occupés
sans cesse à se combattre, ces peuples ne songèrent point
à constituer quelque oeuvre durable. Ceux qui nous ont
légué le plus de souvenirs, sont ceux qui se sont suc-
cédé jusqu'à nos jours et que les historiens ont toujours
appelé les Berbères. Mais ces Berbères d'alors furent-
ils réellement les ancêtres de ceux d'aujourd'hui ?
Furent-ils, comme on semble le croire, les précurseurs
de nos montagnards du Tell ? C'est  le point encore
imparfaitement éclairé.

Le mot semble avoir toujours désigné ceux qui furent
rebelles à toute civilisation et à toute conquête. Les
Berbères, continuellement repoussés par les peuplades
du littoral, ont certainement habité les montagnes. Il
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est cependant assez difficile de retrouver quelque chose
de précis à ce sujet dans les récits des auteurs romains
qui avaient entrepris de retracer les faits et gestes de
leurs précurseurs en Afrique. Ces histoires donnent
aux diverses dynasties des noms extraordinaires, et
nous restons sceptiques devant les récits de Pline,
nous décrivant les éléphants et les animaux fantastiques
de l'Atlas, devant les chroniques de Strabon, nous
assurant que sur la crête des montagnes les pieds de
vigne, gros comme des arbres, produisaient des rai-
sins d'une coudée de long.

Ces renseignements diffus prouvent que les conqué-
rants successifs ne s'occupant que des pays fertiles du
littoral, avaient renoncé à s'emparer des territoires
montagneux, lorsqu'en l'an 25 avant Jésus-Christ, les
Romains s'étant emparés de Carthage donnèrent un
maître et des soldats à ces pays primitifs. Au bout de
quelques années, les provinces étaient organisées, les
insurrections réprimées et les coins les plus reculés du
territoire occupés par les vainqueurs de Carthage.

Médéa qui, selon Ibn Khaldoun, fût fondé par Ballo-
guin Ibn Ziri, de la dynastie des « San hadja », se
trouve, par l'organisation romaine, placée dans la
Mauritanie Césarienne qui tirait son nom de la capitale :
Julia Csesarea (aujourd'hui Cherchell). Juba II, roi de
Numidie, ayant été vaincu par les Romains, avait reçu
en échange de son royaume, le gouvernement des deux
Mauritanies. Intelligent et actif, Juba rendit très pros-
pères les provinces qui lui avaient été confiées. Il eut
tort de ne pas borner ses efforts à la prospérité du
littoral ; aussi les habitants de la région montagneuse
dans laquelle était situé Médéa ne furent-ils jamais
complètement soumis. Les Romains se contentèrent
d'entretenir de ces côtés de forts détachements militai-
res, et la ligne stratégique actuelle n'est que la réédition
delà ligne de camps retranchés qui, allant de Mauliana
(Miliana) à Auzia (Aumale), en passant par Médéa,
jalonnait tout le pays. Malgré la valeur des soldats,
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malgré la présence de la célèbre 22e légion primigénia,
qui avait fait ses preuves, la pacification de la contrée
fut difficile, sinon impossible. Les Mazyques ou Mazices,
peuplade établie dans les « Montes Capientes » (monts
de Tittery) résistèrent longtemps. Soutenus par les
Quinquegentiens qui occupaient le Djurjura, ils exigèrent
contre eux un grand déploiement de forces militaires, et
cette partie de la Mauritanie ne fut définitivement
colonie romaine que sous l'empereur Septime Sévère,
vers l'an 210 après Jésus-Christ.

Qu'était exactement Médéa à cette époque ? Proba-
blement, comme toutes ses voisines, une ville toute
militaire  les Romains avaient leurs « castella » qui
servaient en même temps de forteresses et de refuges
contre les rigueurs des étés de la plaine.

Ville de peu d'importance, cependant, car il n'en est
pas fait mention dans le fragment d'itinéraire qui nous
vient d'un géographe romain, et qui va de Auzia
(Aumale) à Csesarea (Cherchell), en passant par Rapidi
(sour Djouab), Tirinadi (Berrouaghia), Caput Cilani,
Lusafar (Amoura), Acquis (Hammam Righa). C'est à
propos justement de cet itinéraire que l'on a prétendu
voir en Caput Cilani, la ville romaine située sur l'em-
placement qu'occupe actuellement Médéa, mais la
vérification des distances a fait abandonner cette version
et l'on est d'accord pour placer l'agglomération de
Caput Cilani à 21 kilomètres au sud de notre cité
actuelle. Il est certain cependant que Médéa a été bâtie
sur un établissement romain ; les matériaux mêmes de
cet établissement ont servi à l'édification de certaines
maisons. Un aqueduc, qui passe pour avoir été élevé
par les Arabes, porte, dans sa base, des traces très
visibles du travail antique. Les vestiges les plus
précis qui sont parvenus jusqu'à nous, consistent en
assez nombreuses médailles et en quelques inscriptions
fort dégradées aujourd'hui. Parmi les médailles, une
surtout, en argent, a un certain cachet d'authenticité.
Elle fut en possession d'un Juif qui déclara l'avoir

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