lundi 17 décembre 2012


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te quilles, j'empêcherai qu'on vous attaque », et vous
ce avez ajouté : ce repoussez Abd-el-Kader ». Or il vous
ce est impossible d'établir la tranquillité entre Alger et
ee Blida. Les hadjoutes sont dans Blida et ils font du
ee mal à tout le monde. Vous n'avez sur eux aucune
ce influence parce que vous n'avez pas de pouvoir. Com-
ce ment voulez-vous étendre votre autorité sur la pro-
ce vince de Tittéry et autres endroits. Votre calife
ce Marey Agha va quelquefois dans la Mitidja  il reste
ee un jour ou deux, puis il rentre. Les hadjoutes disent :
ce Si Marey sort encore une fois nous l'attaquerons et
ce il ne rentrera plus à Alger ».

ee Maintenant, au nom de la justice, nous vous de-
ce mandons que vous nous rendiez ce que nous avons
ce perdu à votre service. Il faut que vous nous répondiez
ee si nos enfants pourront commercer en sécurité avec
ee vous. Nous avons appris que vous avez nommé un
ee Turc pour être notre bey. Si cela est vrai comment
ce pourra-t-il arriver jusqu'à nous. Vous ne pourrez pas
ce arriver à Blida puisqu'il n'v a pas de sécurité dans
ce la Mitidja.

ce Lorsque les tribus qui nous environnent entendront
ce qu'un Turc va nous gouverner, ils penseront que
ce c'est avec notre consentement et nous serons en
« guerre. Si vous nommiez un marabout ou un Arabe,
ee il pourrait peut-être rétablir la paix et nous rappro-
e< cher les notables, mais tous sont contre les Turcs,
ce Enfin donnez-nous des conseils autrement cette lettre
ec sera la dernière entre vous et nous. Salut ».

Cette lettre et beaucoup d'autres qui suivirent ne
changèrent rien à la situation. L'agitation ne fit qu'aller
croissant, soigneusement entretenue d'ailleurs par le
khalifa d'Abd-el-Kader. La puissance de l'émir aug-
mentait de jour en jour. C'est alors que le gouvernement
français fit la grande faute de traiter avec lui d'égal à
égal. Par le traité de la Tafna, Abd-el-Kader recon-
naissait aux Français la possession d'Alger et du
maigre territoire qui entourait la ville. Il gardait pour
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lui les provinces limitrophes et surtout celle du Tittéry
qui allait être le berceau de son organisation militaire.
Les deux années qui suivirent furent employées par lui
à discipliner tout un véritable corps d'armée formé de
ses réguliers qui devaient nous tenir tête. Une poudrière
et un arsenal furent installés à Médéa, et peu à peu les
armes et les munitions s'accumulèrent dans l'attente de
la guerre. Il ne restait plus qu'à la déclarer.

De 1837 à 1839, ce ne sont que provocations conti-
nuelles. Le khalifa en résidence à Médéa, Si Mohamed
Berkani brûle de se signaler à son chef. A plusieurs
reprises, il tâche de se faire la main dans l'attaque des
convois qui traversent la Mitidja. Il est repoussé, et
pour prendre sa revanche attaque Blida avec des forces
bien supérieures en nombre à la garnison qui défendait
la ville. Après un combat très meurtrier, il est défini-
tivement refoulé dans les montagnes, obligé de laisser
sur le terrain armes et bagages et guéri pour quelque
temps de l'envie de se mesurer à nos soldats.

Ces hostilités continuelles ne faisaient que trop pré-
sager du résultat, et la déclaration de guerre, adressée
au maréchal Valée, partit de Médéa le 18 novembre
1839, onzième jour du ramadhan. Cette lettre avait été
écrite par l'émir à la suite d'une réunion que les
khalifas avaient tenu dans la ville. La déclaration de
guerre fut naturellement suivie de la défection de
toutes les tribus alliées. Le khalifa Berkani s'installa
aussitôt sur les crêtes qui dominent la Mitidja et se
tint  à l'affût, continuant à descendre subitement dans
la plaine, lorsque se présentait l'occasion de causer aux
Français quelque dommage.

Abd-el-Kader avait eu l'habileté de mettre à la fois
en insurrection tous les points du territoire. Hardi et
entreprenant, se déplaçant avec une facilité surprenante,
il apparaissait toujours subitement dans une région 
l'on était loin de l'attendre. Les combats et les escar-
mouches se succédaient partout et nos garnisons conti-
nuellement harcelées étaient obligées de se tenir sans
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cesse en éveil. C'est alors que le maréchal songea à
atteindre son ennemi au coeur de sa puissance, c'est-à-
dire sur le territoire de Tittéry.

Vers la fin du mois d'avril, le gouvernement apprend
que la plus grande partie de l'inlanterie ennemie
occupait le col du Ténia de Mouzaïa qui était la seule
route de Médéa. Les réguliers, disait-on, étaient occu-
pés à fortifier ce passage pour faire de ce pays un
repaire inaccessible. Aussitôt le corps expéditionnaire
se met en route et arrive bientôt en vue du fameux
défilé. Les troupes françaises ont dans leur rang les
plus grands généraux de l'époque. Les ducs d'Orléans
et d'Aumale, Lamoricière, Duvivier sont à la tête des
soldats. Les plus vaillants régiments sont représentés,
le 23e de ligne, le 17° léger, commandés par Bedeau,
le 2e par Changarnier. Le maréchal Valée est même
parvenu à monter  quelques canons qui serviront à
appuyer les positions.

Le 14 mai, les troupes s'engagent dans les défilés et
sont aussitôt fusillées par les Arabes dissimulés dans
les anfractuosités des rochers. Un brouillard compact
enveloppe les combattants, aussi la bataille est-elle
meurtrière. Nos soldats se conduisent en héros. Du
côté de l'ennemi, Abd-el-Kader en personne, commande
la résistance. Des retranchements sont élevés partout,
mais rien n'arrête la poussée furieuse des Français.
L'action principale se passe sur un plateau à flanc de
montagne qui porte depuis le nom de « Plateau des
Réguliers ». Les différents passages du col sont pris,
repris, défendus, pied à pied sans que personne ne
puisse déterminer de quel côté sera la victoire. Enfin,
après un suprême effort, le duc d'Orléans, enlevant avec
sa division le retranchement du sommet, décide du
succès, et les Arabes débordés se replient laissant le
terrain couvert de morts et de blessés.

Jusqu'au 17, l'armée campa sur ses positions, prenant
aussi quelques jours de repos bien gagnés. Ce jour-là,
elle descendit vers Médéa. Abd-el-Kader avait aban-

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