lundi 17 décembre 2012


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Une fois dans son gouvernement, il parut faire sa
soumission, et s'appliqua dès lors à persuader au général
de Bourmont que les tribus ne demandaient qu'à se
soumettre, et que l'armée française pourrait par une
seule promenade militaire s'assurer de l'occupation de
tout le pays. Il avait son plan.

Le général de Bourmont cédant à ses instances s'était
mis en route et arrivait le 23 juillet au soir, à Blida,
après douze heures de marche par une accablante tem-
pérature. Le 24, alors qu'un détachement partait en
reconnaissance sur la route de Médéa, les troupes fran-
çaises furent attaquées par un assez fort parti de
montagnards arabes et durent se replier en toute hâte
sur Birtouta. C'est alors que de Bourmont ayant reçu
son bâton de maréchal fut remplace par le général
Clauzel qui arriva à Alger le 2 septembre. Ce dernier
pensa de suite à mettre à la raison le bey de Tittéry,
qui croyant ses montagnes infranchissables continuait
de braver la puissance française.

Un arrêté du 15 novembre le destitua et nomma à
sa place le Maure Mustapha ben Hadj Omar. Une
expédition fût décidée pour appuyer cette décision et
le général en chef en prit lui-même le commandement.
Le 22 l'armée forte de 7000 hommes entrait à Médéa
sans coup férir, et les soldats recevaient des habitants
un favorable accueil. Il n'était pas dans les idées du
général Clauzel d'occuper si tôt ce territoire accidenté,
et le détachement, qui sous les ordres du colonel
Rulhières était resté à Médéa, quitta la ville le 4 jan-
vier 1831.

Or, peu de temps après, le nouveau bey, peu apprécié
de ses administrés, se trouva dans une situation criti-
que et fit appel au concours de ceux qui l'avait placé à
la tête du beylicat. Le 25 juin, le général Berthézène
fut obligé d'occuper à nouveau la ville. Ainsi que la
première fois, l'occupation fut facile, mais la petite
troupe attaquée au retour près des défilés de Mouzaïa
ne s'en tira qu'avec difficulté. On feignit cependant
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d'oublier bien vite cette escarmouche. L'attention du
maréchal Clauzel était attirée d'un autre côté, car nous
allions avoir affaire à un ennemi plus inquiétant. Abd-el-
Kader, descendant d'une noble famille, avait été en
1833 placé par les Français à la tête des indigènes du
département d'Oran. D'un orgueil démesuré, d'une am-
bition sans bornes, il ne tarda pas à se faire passer
comme envoyé de Dieu pour engager la guerre sainte.
Se sentant puissant dans la province d'Oran, celui qui
avait porté le titre de bey de Mascara et qui déjà
tentait de se faire appeler émir, tourna ses efforts vers
le Tittéry qui, jugeait-il, était le pays le plus à même
de résister longtemps aux efforts du vainqueur.

Le bey n'était pas décidé à reconnaître cette nouvelle
autorité ; Abd-el-Kader eut un coup d'audace qui lui
réussit. Il cerna Médéa, prit la ville, et ayant fait le
bey prisonnier, prit comme logement le propre palais
de ce dernier. De plus, il installa comme kalife son
lieutenant Berkani. Le maréchal Clauzel ne vit pas sans
déplaisir cette substitution de pouvoir. Il nomma aussi-
tôt comme bey de Tittéry un vieux Turc du nom de
Mohamed ben Hoçaïn et chargea le général Rapatel
d'escorter le nouveau bey jusqu'au siège de son gou-
vernement. Ce dernier partit à la tête de 2.000 hommes
et marcha jusqu'à Mouzaïa, croyant trouver  des parti-
sans de son protégé. Il n'y trouva que des ennemis, et
après avoir livré plusieurs combats sanglants dut se
replier vers Boufarik  il laissa Mohamed ben Hoçaïn.

Le vieux bey ne se tint pas pour battu. Réunissant
quelques partisans, il résolut d'aller lui-même conquérir
sa province. Ayant gagné la tribu des Hassen ben Ali
 il pensait avoir des fidèles, il fut assez heureux pour
trouver un coin  se réfugier et se cacher. Pendant
toutes ces escarmouches les habitants de Médéa ne
savaient pas trop à quel pouvoir se vouer. Les hadjoutes
pillaient leurs caravanes, les  Français hésitaient à
réprimer ces désordres et les tribus étaient prêtes à
faire cause commune avec Abd-el-Kader.

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