lundi 22 septembre 2008

" MEDEA est une ville d'abondance. Si le mal entre le matin, il en sort le soir "

Médéa

MEDEAH ou Médéah. À 90 km au sud d’Alger, sur les hauts plateaux qui ferment la vallée de la Mitidja. Elle est à 920 m d’altitude au pied de coteaux couverts de vergers et de vignes. Ancienne Lambdia, elle est dotée d’une citadelle par les Méridinès de Fes. Ancienne station romaine de Medix ou ad Medias , ainsi appelée parcequ’elle était à égale distance de Tirinadi (Berrouaghia) et Sufnsar (Amoura).

Sous la domination turque, elle est gouvernée par le beylika de Titteri, un Bey, adjoint du Dey d’Alger y réside. En 1830, les troupes du maréchal Damrémont sont repoussées jusqu’au Sahel algérois. L’émir Abd el-Kader y installe son représentant. En 1840, après les combats de la Mouzaïa, les Français imposent leur autorité, mais la ville reste « sainte » pour les musulmans.

Clauzel l’occupe en novembre 1830 mais il est contraint de l’abandonner en janvier 1831 faute d’effectifs suffisants .

Berthezene qui succéde à Clauzel monte à son tour une expédition qui se révèle inutile et couteuse.

En 1837, après le traité de la Tafna, Abd el-Kader en fait une de ses capitales et la ville n'est définitivement conquise qu’après la chute de l’émir .

17 juin 1854 MEDEA était érigée en commune de plein exercice

" Médéa est une ville d'abondance. Si le mal entre le matin il en sort le soir "

Si Ahmed Ben Youssef

Nous allons faire un retour sur le passé…loin, 18 siècle en arrière. L'origine de Médéa est controuvée. Ce que l'on peut affirmer c'est que ce fut une cité romaine du nom de Lambdia – d'ailleurs de tous temps, les arabes ont donné aux habitants de la ville le nom de Lembdani.
Marmol et Shaw ont encore connu une fontaine romaine datant de cette époque. Cette fontaine a été détruite depuis, mais son emplacement est bien déterminé : il se trouve dans la cour de l'immeuble de M. kechida Yahia, sis à la place d'armes, où l'on peut voir encore la sortie de la canalisation romaine ( plus d'un mètre de diamètre ). D'autre part, on peut admirer au musée d'Alger une borne gravée dont les inscriptions sont un hommage rendu par les habitants de Lambdia à l'empereur romain Septime Sévère et à son fils en l'an 198 de notre ère.

Quand Médéa naissait sous le nom de Lambdia

Nous croyons pouvoir donner une explication sur la naissance de cette cité. Les Romains pendant leur domination en Afrique du Nord eurent comme premier souci la construction d'un réseau routier qu'ils réalisèrent d'abord le long du littoral puis ensuite par pénétration dans le sud. Jusqu'à l'arrivée des Romains en Afrique, les indigènes qui se déplaçaient, emportaient avec eux leur provision d'eau. C'était un problème fastidieux à résoudre. On chargeait des outres et des peaux de bêtes mortes pleines d'eau sur des montures. Les caravanes étaient ainsi singulièrement alourdies.
Les Romains envisageaient le problème crucial de l'eau tout autrement; ils prévoyaient leur ravitaillement sur leur parcours. Une fois terminée la construction de leurs principales routes, vers l'an 111, ils s'attelèrent à la création de points d'eau, leur route de pénétration qui partait de Césarée et d'Alger passait par les actuelles Mouzaïaville et Médéa.

Sur les monts de notre ville il y avait une puissante richesse : de nombreuses sources d'eau potable (les trembles). Les Romains en firent un point d'eau et des maisons s'élevèrent autour : Lambdia naissait.

Les Romains construisirent un aqueduc dont il nous reste aujourd'hui une trace : les portes de Lodi.

Il semble que cette cité ait péri dans les troubles qui suivirent la fin de la domination. D'après Marmol, elle aurait été détruite par El Mahdi au IXe siècle, alors qu'elle s'appelait El Fara.

L' INTALLATION DES TURCS

IBN KHALDON déclare que la ville, qu'il appelle El Média, fut fondée par Bolguin ibn Ziri (au XIe siècle) et qu'elle aurait pris son nom de la tribu qui l'habitait. Il y a certainement confusion. Est-ce le nom romain de la cité qui a survécu ? Est-ce que ce nom n'était pas lui-même celui d'une tribu voisine (dans ce cas Ibn khaldoun n'aurait fait que transportait) ?

La ville fut dotée d'une citadelle par les Mérinides (1305-1306). Les Turcs s'emparèrent de Médéa au XVIe siècle. Marmol lui donne 2000 habitants dont 800 turcs commandés par un Gouverneur. La ville était entourée de villages berbères et " azuagues" (kabyles). Ses habitants récoltaient le blé, l'orge; les figues, les raisins et les glands.

Léon l'Africain parle aussi d'une ville "Medna" qui, par certains cotés semble être Médéa (fontaine romaine) mais qu'il situe à mi-chemin entre Alger et Tlemcen. Il y fut très bien reçu et déclare que ses habitants, riches mais incultes, cherchaient à y retenir les lettrés.

Les Turcs installèrent à Médéa une nouba (garnison) et un Hakem (gouverneur) qui relevait directement d'Alger, quoique Médéa fut une des deux capitales du Beylik dit de Titteri, qui s'étendait en réalité jusqu'à la pleine du Sébaou (la deuxième capitale étant Bordj Sébaou).

Cette situation dura jusqu'en 1770. La caïda de Sébaou fut rattaché alors à Alger, et Médéa devint seule capitale du Beylik de Titteri.

Shaw donne de la ville la description suivante :

Blida et Médéa sont les seules villes qu'on trouve dans les terres de cette province (région). Elles ont chacune un mille de circuit. Leurs murs n'étant que boue et percés en plusieurs endroits par des frelons , on comprend aisément qu'ils ne sont pas bien forts. Quelques-unes des maisons ont des toits plats, d'autres ressemblent à ceux de Miliana (tuiles). Elles sont bien arrosées… divers aqueducs (portes de Lodi) dont certain paraissent dater des Romains fournissent l'eau à Médéa.

1830 : Arrivée des Français

En 1830, le Bey de Médéa Bou Mezrag conduisit ses contingents à la bataille de Staouéli. Quelques jours après la capitulation d'Hussein-Dey il se soumettait à la France et recevait notre investiture.mais un mois plus tard, il se révoltait.
La première expédition de Médéa (20 novembre 1830) le priva de son commandement en faveur d'un maure algérois sans prestige, Mustapha ben Omar. Ce dernier, assiègé en 1831 par le fils de bou Mezrag, appela à l'aide et ce fut la deuxième expédition de Médéa, qui ramena notre protégé.

Dans l'anarchie qui suivit, les gens de Médéa, ne voulant plus des bou Mezrag firent appel à un envoyé du Sultan du Maroc, El Hadj Mati.

En 1833, Hadj Ahmed, Bey de Constantine essaya, mais en vain, de s'emparer de la place.

Les Médéens se tournèrent alors vers nous, essayant d'opposer Hadj Ahmed au nouveau compétiteur Abd-El-Kader

Sur ces entrefaites, un troisième larron survint : Hadj Moussa le Derkaoui. Ce dernier, avec des fanatiques, recrutés dans le djebel Sahari et la région de Lagouat, parvint à occupé momentanément la ville : après un violent combat, mais dût la quitter et fut taillé en pièce par Abd-el-Kader, qui fut le maître définitif de Médéa.
Voici quel était alors l'état de la ville :

"Entourée d'un faible mur, elle a trois portes défendues par quelques mauvais ouvrages. La population en est en ce moment de cinq à six mille âmes au moins. Il s'y fait un commerce assez considérable. On y voit quelques maisons vastes et assez belles, entre autres, celles des anciens Beys (l'actuel hôtel de la subdivision militaire, place d'armes) qu'occupa Abd-el-Kader lors de sa venue….L'aspect de la ville est tout à fait arabe. En fait de construction d'utilité public, il n'y a guère qu'à citer un vieil aqueduc en assez mauvais état…

Médéa fut occupée définitivement par les Français le 17 mai 1840, après le combat de Téniah.
En 1842 fut livrée à la circulation la nouvelle route Blida-Médéa? C'est le commandant Bouteilhoux, chef du génie de Blida, qui en fit le tracé et surveilla les travaux.
En 1844 le calme régnait dans toute la contrée. Des fonctionnaires et des commerçants vinrent s'installer dans la ville. C'est à cette date que les premiers essais de plantation rationnelle de la vigne furent entrepris.

Médéa connu alors une ère de prospérité, les tribus étaient riches, la citadelle s'avéra trop étroite et les constructions s'érigèrent aux alentours. Les premiers Français installés à Médéa furent pour la plupart des anciens militaires gagnés par le charme du pays auxquels vinrent se joindre quelques déportés politiques après le coup d'état de 1852. On compte à ce moment là à Médéa un très grand nombre d'étrangers espagnols et italiens principalement.

Médéa, commune de plein exercice

Le 17 juin 1854, Médéa est érigé en commune de plein exercice. Les fonction de maire sont assurées alors par le contrôleur civil, M. Jérôme Augouard et c'est le 28 avril 1857 que fut nommé seulement par arrêté du gouvernement général, le premier maire de Médéa, M. Charles Power, en application du décret impérial du 22 août 1861.

La vie économique de la ville devenait de plus en plus florissante. Dans la région en 1904, la vigne occupait prés de 900 hectares pour 27 000 hl. De vin. Actuellement nous avons plus de 4 800 hectares de vigne pour 170 000 hl. De vin (en moyenne). Dans l'évolution du peuplement de la ville il est curieux de constater un accroissement total de la population avec une baisse sensible de la population européenne. En 1904, la ville comptait 3.050 européens sur 15.242 habitants, alors qu'aujourd'hui il n'y en a plus de 2.049 sur 22.707 habitants. Ce phénomène n'est pas particulier à Médéa, il est dû au dépeuplement des centres ruraux au profit des centres citadins surpeuplés.
M. Henri Cortès dans sa très belle monographie de Médéa qui lui valut en 1909 la médaille d'argent de la Société de géographie d'Alger, mentionne qu'à cette époque : "Toutes les espérances, comme, hélas, tous les déboires sont permis aux vignerons, et que cette part d'incertitude rend encore plus intéressante la partie dans laquelle ils se sont engagés. D'aucuns ont fait dans la vigne une véritable fortune et les propriétés de 50 hectares et au-dessus ne sont pas rares."
La situation actuelle de nos viticulteurs est maintenant moins souriante Les difficultés. Economiques que la population subit actuellement viennent de cette inquiétude, de cette incertitude de l'avenir, de cette situation critique de nos viticulteurs. Et il faut bien le dire et encore mieux se rendre à l'évidence : la vigne est notre seule richesse naturelle et nous sommes tributaires des dispositions qui pourront être prises, sous couvert d'une production de qualité, pour conserver à notre région son seul capital rentable au point de vue économique, social et humain.
En ce jour anniversaire du centenaire de l'érection de notre ville en commune de plein exercice, nous conformant aux usages, nous formulons pour elle le vœu de pouvoir bientôt permettre à ses habitants de reprendre à leur compte le vieux dicton que l'on attribue à Si Ahmed Ben Youcef

" MEDEA est une ville d'abondance. Si le mal entre le matin, il en sort le soir "

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