pules de conscience. A part ce défaut et quelques autres
moins ennuyeux pour nous, les indigènes de Médéa sont
assez sociables ; ils s'initient vite aux travaux de culture
et au commerce. Ils sont très religieux, très tranquilles,
très peureux aussi, et ne rappellent que d'assez loin les
chevaleresques fils de grande tente qui caracolent sur
leurs chevaux et font parler la poudre. Leur langage
est le même que dans tout le département et même
l'Algérie entière, car d'un département à l'autre, il n'y
a guère que quelques mots qui varient. Leurs moeurs
sont simples et l'hospitalité chez eux est très en
honneur. Ceux qui travaillent ne chôment guère. Leurs
seules deux fêtes sont : l'Aïd Seghir ou fin du Ramadan
et l'Aïd Kébir ou fête des moutons. Ce jour-là revêtus
de haïks ou d'habits brodés, ils parcourent les rues en
s'embrassant fraternellement et en se souhaitant grave-
ment toutes les félicités imaginables. Leurs vêtements
sont ceux des pays froids. Sur la tête le « teltima » ou
ou long voile blanc s'enroulant autour du « guenoun »
et retenu par une corde en poil de chameau ; sur le
corps beaucoup d'étoffes de laine et de drap et par-
dessus tout, l'inévitable burnous, que les plus pauvres
remplacent par le cachabia en laine grise. Quant à ceux,
et ils sont nombreux, qui n'ont pas de quoi se vêtir
convenablement, leur fanatisme tranquille pourvoie à
tout ce qui leur manque : « R'bi djib », Dieu nous
l'apportera un jour ou l'autre, maxime sublime qui
mieux que toutes les philosophies leur fait supporter
peines ou joies d'une égale tranquillité d'esprit.
Un mot en passant sur leur vaste organisation des
confréries religieuses. Il n'y a pas de zaouïa sur le
territoire proprement dit de la commune. Mais la proxi-
mité de la maison mère des Aïssaouas a contribué à
recruter partout de nombreux adeptes de cette secte.
On connaît leurs exercices barbares et fanatiques.
Assez souvent leurs séances se répètent soit près des
tombeaux de leurs marabouts, soit aux portes mêmes
de la ville. Une fois par an, de nombreux indigènes
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viennent, de toutes les directions, en pèlerinage au
douar Ouzera, où habite encore le grand maître de la
secte et qui selon les Arabes est un descendant du
fondateur lui-même. Ceux qui ne sont pas affiliés aux
Aïssaouas sont pour la plupart des disciples des
« Chadélia » ou des « Zerrouquia », sectes similaires à
la première par les prières et les pratiques.
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