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Voici du reste à titre de document la traduction in
extenso d'une lettre qu'ils adressaient le 9 mars 1835
au général Clauzel, gouverneur des possessions fran-
çaises.
« Quand les Français se sont emparé du pays et
« ont détruit le gouvernement qui existait alors, nous
« étions pour vous. Nous nous sommes battus contre
« nos frères, les Musulmans, pour faire entrer vos
« troupes dans notre ville et nous avons perdu beau-
« coup des nôtres. Voilà six ans presque, que vous
« n'avez aucune raison de vous plaindre de nous. Quand
« vous avez nommé le commandant Marey Agha et
« que vous l'avez chargé des affaires du pays, vous
« nous avez écrit en nous disant que vous l'aviez chargé
« d'assurer la sécurité des routes. Vous nous avez dit
« qu'il serait responsable de ce qui se perdrait. Nos
« enfants ont été chez vous avec des bestiaux et des
« chevaux et ils vous ont envoyé les Arabes des points
« les plus éloignés. Maintenant, lorsque nos enfants
« arrivent près des portes d'Alger, les hadjoutes les
« dépouillent et leur enlèvent ce qu'ils possèdent. Cela
« arrive à deux pas de chez vous et aux portes de votre
« ville. C'est la chose du monde la plus étonnante et
« cependant vous pensez que vous êtes un sultan, que
« vous avez beaucoup de forces, de troupes, de riches-
« ses, de munitions, de pièces à canon. Malgré cela,
« les Arabes interceptent les routes et nous empêchent
« de vous porter les denrées. Nous sommes les habi-
« tants d'une petite ville faible et nous sommes envi-
« ronnés de tous côtés d'ennemis. Vous nous laissez
« mettre dans l'embarras par trente hadjoutes et peut-
« être moins qui vous oppriment. Si ces gens-là étaient
« près de nous, nous vous aurions débarrassés d'eux,
« Comment voulez-vous que nous espérions que vous
« pourrez repousser nos ennemis comme El Hadj Ahmed
« le fils du bey Bou Mezrag et d'autres. Toutes les fois
« que nous vous avons fait savoir qu'on voulait nous
« attaquer, vous nous avez répondu : ee Soyez tran-
Voici du reste à titre de document la traduction in
extenso d'une lettre qu'ils adressaient le 9 mars 1835
au général Clauzel, gouverneur des possessions fran-
çaises.
« Quand les Français se sont emparé du pays et
« ont détruit le gouvernement qui existait alors, nous
« étions pour vous. Nous nous sommes battus contre
« nos frères, les Musulmans, pour faire entrer vos
« troupes dans notre ville et nous avons perdu beau-
« coup des nôtres. Voilà six ans presque, que vous
« n'avez aucune raison de vous plaindre de nous. Quand
« vous avez nommé le commandant Marey Agha et
« que vous l'avez chargé des affaires du pays, vous
« nous avez écrit en nous disant que vous l'aviez chargé
« d'assurer la sécurité des routes. Vous nous avez dit
« qu'il serait responsable de ce qui se perdrait. Nos
« enfants ont été chez vous avec des bestiaux et des
« chevaux et ils vous ont envoyé les Arabes des points
« les plus éloignés. Maintenant, lorsque nos enfants
« arrivent près des portes d'Alger, les hadjoutes les
« dépouillent et leur enlèvent ce qu'ils possèdent. Cela
« arrive à deux pas de chez vous et aux portes de votre
« ville. C'est la chose du monde la plus étonnante et
« cependant vous pensez que vous êtes un sultan, que
« vous avez beaucoup de forces, de troupes, de riches-
« ses, de munitions, de pièces à canon. Malgré cela,
« les Arabes interceptent les routes et nous empêchent
« de vous porter les denrées. Nous sommes les habi-
« tants d'une petite ville faible et nous sommes envi-
« ronnés de tous côtés d'ennemis. Vous nous laissez
« mettre dans l'embarras par trente hadjoutes et peut-
« être moins qui vous oppriment. Si ces gens-là étaient
« près de nous, nous vous aurions débarrassés d'eux,
« Comment voulez-vous que nous espérions que vous
« pourrez repousser nos ennemis comme El Hadj Ahmed
« le fils du bey Bou Mezrag et d'autres. Toutes les fois
« que nous vous avons fait savoir qu'on voulait nous
« attaquer, vous nous avez répondu : ee Soyez tran-
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te quilles, j'empêcherai qu'on vous attaque », et vous
ce avez ajouté : ce repoussez Abd-el-Kader ». Or il vous
ce est impossible d'établir la tranquillité entre Alger et
ee Blida. Les hadjoutes sont dans Blida et ils font du
ee mal à tout le monde. Vous n'avez sur eux aucune
ce influence parce que vous n'avez pas de pouvoir. Com-
ce ment voulez-vous étendre votre autorité sur la pro-
ce vince de Tittéry et autres endroits. Votre calife
ce Marey Agha va quelquefois dans la Mitidja où il reste
ee un jour ou deux, puis il rentre. Les hadjoutes disent :
ce Si Marey sort encore une fois nous l'attaquerons et
ce il ne rentrera plus à Alger ».
ee Maintenant, au nom de la justice, nous vous de-
ce mandons que vous nous rendiez ce que nous avons
ce perdu à votre service. Il faut que vous nous répondiez
ee si nos enfants pourront commercer en sécurité avec
ee vous. Nous avons appris que vous avez nommé un
ee Turc pour être notre bey. Si cela est vrai comment
ce pourra-t-il arriver jusqu'à nous. Vous ne pourrez pas
ce arriver à Blida puisqu'il n'v a pas de sécurité dans
ce la Mitidja.
ce Lorsque les tribus qui nous environnent entendront
ce qu'un Turc va nous gouverner, ils penseront que
ce c'est avec notre consentement et nous serons en
« guerre. Si vous nommiez un marabout ou un Arabe,
ee il pourrait peut-être rétablir la paix et nous rappro-
e< cher les notables, mais tous sont contre les Turcs,
ce Enfin donnez-nous des conseils autrement cette lettre
ec sera la dernière entre vous et nous. Salut ».
Cette lettre et beaucoup d'autres qui suivirent ne
changèrent rien à la situation. L'agitation ne fit qu'aller
croissant, soigneusement entretenue d'ailleurs par le
khalifa d'Abd-el-Kader. La puissance de l'émir aug-
mentait de jour en jour. C'est alors que le gouvernement
français fit la grande faute de traiter avec lui d'égal à
égal. Par le traité de la Tafna, Abd-el-Kader recon-
naissait aux Français la possession d'Alger et du
maigre territoire qui entourait la ville. Il gardait pour
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