moyens, grâce aux habitudes de travail et d'économie
qu'ils avaient pris de nous. Il est d'autant plus impos-
sible d'admettre un pareil résultat que les propriétés
de grande étendue qui sont nombreuses, restent entre
les mains de familles qui ont fait souche dans le pays ;
et s'il nous est permis de jeter un regard sur l'avenir,
on ne peut que pronostiquer une amélioration dans le
peuplement de la contrée. Il reste beaucoup à faire en
tant que cultures ; cette oeuvre appartiendra aux fils de
colons qui, dans ces dernières années, ont résolument
commencé l'exode vers tous ces villages en création
autour de Médéa, où ils ne tarderont pas à former de
saines agglomérations de travailleurs.
La population israélite a suivi depuis 1870 un
développement considérable. Ceux que le décret
Crémieux a naturalisés ne sont à Médéa que 323
alors que leurs descendants arrivent presque à un
millier. La dépopulation ne sévit pas chez les Juifs, et
les familles de sept ou huit enfants ne sont pas rares.
Maintefois on a essayé de faire par région le classe-
ment des diverses races de musulmans. On attribuait
aux Berbères l'extrême-Sud et les hauts plateaux et
aux Arabes le littoral et les plaines. Ce classement
est sujet à caution. Les diverses invasions, les diffé-
rentes conquêtes ont tellement mélangé les races qu'il
est difficile, de nos jours, de reconstituer l'origine des
musulmans qui nous entourent. Il n'est pas d'agglo-
mération d'indigènes, si petite soit-elle, qui ne con-
tienne plusieurs races. L'élément dominant à Médéa
paraît être le Turc coulougli ou Turc pur. Tous ceux
qui ont avec cette descendance quelque affinité, s'enor-
gueillissent de leur origine, car ils furent les maîtres
autrefois. On les reconnaît généralement à leur haute
taille, leur profil accusé, leur accent quelque peu gut-
tural. Beaucoup sont encore plus clairement désignés
par les noms de famille : Ben Turqui, Ben Turquia,
etc., qu'ils se sont transmis de père en fils. Quelques
familles arabes portent aussi des noms à désinence
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espagnole ; ce sont les descendants de Maures andalous
qui, chassés d'Espagne, vinrent se réfugier dans nos
montagnes.
Les Kabyles sont peu nombreux chez nous, sauf
à l'époque de la moisson. Ils viennent alors par
bandes, lorsqu'ils ont terminé dans la plaine, se
louer pour les travaux des champs. Réunis par groupes
d'une quinzaine sous les ordres d'un chef qu'ils respec-
tent, ils vont déambulant par la ville, avec leurs grands
chapeaux, leurs faucilles en bandoulière, à la recherche
du travail. Trouvent-ils un maître ? Les conditions
sont âprement discutées ; mais marché conclu ce sont
des travailleurs fidèles et robustes que les brûlures du
soleil n'ont pas l'air d'incommoder.
Les M'Zabites, en revanche, forment à Médéa un
clan assez important, comme dans toutes les villes qui
sont sur la route de Ghardaïa,leur capitale. Ils sont exclu-
sivement commerçants et font particulièrement le
négoce des céréales et des étoffes. On connaît leurs
moeurs bizarres. Ils vivent seuls, laissant toute leur
famille au M'Zab, allant la visiter à peine une fois tous
les deux ans. Ce n'est que bien plus tard, alors qu'ils
sont incapables de tout travail, qu'ils retourneut vivre
chez eux.
La majeure partie des indigènes est donc issue de la
race arabe plus ou moins mélangée. Néanmoins cette
population à fini par former un tout à peu près homo-
gène par la similitude des moeurs, du langage, du
vêtement. L'Arabe de Médéa est généralement accueil-
lant et d'un bon naturel. Il est sauvage, peu épris
d'idées modernes ; mais ce caractère grossier ne manque
pas d'une certaine droiture. Aussi la sécurité est-elle
assez grande dans la région. L'Arabe est là plus poli
qu'aux environs des grandes villes. L'Européen l'inti-
mide : celui-ci est du reste pour lui le dispensateur de
tout travail et de tout gain. Il est donc à ménager, sauf
cependant si on peut le voler. Le vol est pour l'indigène
une action toute naturelle que n'entravent pas les scru-
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