l'emplacement de la ville romaine. Seule, la citadelle
existait, elle avait été construite de 701 à 704, par Abou
Yahia, sur l'ordre du Sultan.
L'administration des deys de la région d'Alger peut
se résumer en ces mots : avidité, incohérence et cruauté.
Les beys des différentes provinces profitaient de leur
autorité pour pressurer tant et plus les indigènes pla-
cés sous leur férule et, lorsqu'ils avaient quelque
fortune, le dey, toujours merveilleusement renseigné, les
faisait dépouiller et même égorger. Aussi usaient-ils
de tous les subterfuges possibles pour mettre en sûreté
les dinars et les douros qu'ils avaient acquis. Les
mémoires d'un secrétaire du bey de Tittery, Brahim
Boursali, donnent une idée exacte de cette administra-
tion. Déjà cité par M. l'interprète Féraud, dans la
Revue Africaine ; je me permets d'y emprunter quel-
ques lignes. Les voici dans toute leur ingénuité :
« Si Moustafa, bey de Tittery, est arrivé à Alger,
mercredi, 4e jour du Ramadan. Il est allé se réfugier
au sanctuaire Abdelkader. Le lendemain, Si Mohamed
Debba (l'égorgeur) a été nommé bey à sa place, 1206
(29 avril 1792).
« El Hadj Ibrahim Boursali a été nommé bey de
Tittery, le dimanche, 27 du mois de Moharem (1209),
24 août 1793. »
« Mohamed bey Ed Debba a été arrêté et dépouillé de
ses biens. »
« Ibrahim est destitué le 5 Moharem 1221 (11 juil-
let 1796), on lui a trouvé 7.000 réaux et 7.000 dinars
d'or. Si Hassen, caïd des Béni Sliman, a été nommé à
sa place. »
Et cela continue ainsi pendant de longues pages,
instituant ainsi une chronique qui se passe de tout
commentaire. Les fonctions des beys étaient multiples;
la plus importante consistait à faire rentrer les impôts
et à faire faire, par les tribus, les récoltes dans les
fermes que le gouvernement possédait un peu partout.
Une de ces fermes, dans le beylik de Tittery, prit une
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MÉDEA
EN
1840
MÉDÉA
EN
1907
MÉDÉA — DEUX VUES PUISES A 67 ANS DU DISTANCE!?
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grande importance et Yahia Agha, une des figures les
plus sympathiques de la période turque, y fit même
faire des cultures perfectionnées, C'était le haoueh El
Ar'a, situé sur le flanc des montagnes de Mouzaïa,
haoueh qui fut l'occasion de guerres incessantes entre la
tribu des Mouzaïa et celle des Beni-Sala.
Or, si les deys étaient puissants, cette puissance
n'était pas établie sans conteste. La milice, formée de
janissaires et de raïs (corsaires), avait su quelquefois
imposer à la Régence sa volonté, et les gouvernements
étaient impuissants à réprimer tous les excès commis par
des mercenaires. Ce sont ces excès qui amenèrent les
différents bombardements de la France et de l'Espagne;
ce sont ces excès qui furent la cause initiale du coup
d'éventail de 1827, point de départ d'une conquête qui
devait purger la Méditerranée de tous ces brigands.
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La Conquête
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CHAPITRE II
La Conquête
L N'EST PAS UN INCIDENT de la conquête de
l'Algérie par les Français qui ne soit connu
des habitants du pays. Nous nous borne-
rons donc à la retracer brièvement pour
mettre simplement en relief les faits qui intéressent
notre région.
Alger avait donc été pris le 5 juillet 1830 sans que
l'armée arabe, quoique supérieure en nombre, ait pu
s'opposer à notre victoire. Les troupes turques conte-
naient pourtant, dans leurs rangs, des soldats fort
disciplinés et quelques chefs à hauteur de leur tâche.
Le plus brave des généraux était alors le bey de
Tittéry : Mustapha bou Mezrag, à qui sa vaillance avait
fait donner le commandement de l'armée.
La ville prise, les vainqueurs voulant ménager le
bey qui avait sur ses subordonnés une grande autorité
lui avait fait espérer qu'il serait nommé agha-effendi,
c'est-à-dire, gouverneur de la Régence sous le contrôle
Français. Mais le général de Bourmont trouva Bou
Mezrag trop remuant et le titre fut donné à un autre. Ce
dernier entra alors dans une violente fureur et tenta
même d'assiéger Alger, mais voyant le peu de succès
de son effort, il finit par se replier sur Médéa.
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