Poète français né à Médéa (aujourd'hui Lemdiyya) en Algérie, le 4 février 1849, et mort à Paris le 12 décembre 1926.
Avant d'être un auteur célèbre, aujourd'hui bien oublié, Jean Richepin fut un "personnage", une tête, et, si l'on peut dire, une "forte gueule" de la bohème parisienne (du quartier Latin à Montmartre), avec son imposante stature, sa moustache agressive et son regard fier. Malgré quelques faiblesses (que l'on retrouve surtout dans ses romans et ses pièces de théâtre), il reste un grand poète et un conteur plaisant dont les oeuvres ne manquent ni de corps ni de saveur.
Ce poète turbulent, fils d'un médecin militaire, eut une enfance et une adolescence très marquées par les voyages et les déménagements.
Il fit de brillantes études secondaires à Douai, entra à l'École Normale Supérieure en 1868 et obtint sa licence ès lettres en 1870. Pendant la guerre, Richepin s'engage dans un corps de francs-tireurs de Bourbaki.
Il sera, successivement, journaliste (notamment au "Mot d'Ordre", "Au Corsaire" et dans "
Ses héros et ses inspirateurs sont Pétrus Borel, poète maudit mort de faim à Mostaganem, Baudelaire, et toujours Jules Vallés, le réfractaire. Il publiera en feuilleton une brillante et virulente biographie de cette écrivain de
Richepin a désormais rejeté le joug des conventions et de la culture, il célèbre l'instinct, vante complaisamment, et non sans ridicule, sa force physique, sa virilité, et à partir d'une prétendue hérédité bohémienne et "touranienne", se bâtit une biographie imaginaire et riche en couleur. Il parait qu'une tribu de nomades en voyage aurait autrefois, il y a très longtemps, renonce aux aventures errantes de la roulotte en passant prés du village d'Hirson, dans le pays de Thiérache (aujourd'hui département de l'Aisne). Un ancêtre de Jean Richepin était du nombre : de romanichel il devint cultivateur et prit racine au sol. Et c'est donc grâce à lui, que son descendant se vantera d'être Touranien. Ni celte ni latin, un sang neuf, libre, aventureux, vierge de tous dépôts de la civilisation, un corps vigoureux, un esprit solide, réfractaire aux mièvreries, aux mélancolies, une philosophie et une morale farouchement matérialiste : tel Jean Richepin s'est proclamé dans ses oeuvres.
2. Les débuts de la célébrité Un an plus tard, le grand public découvre soudain Richepin avec "
Il avait conquis la célébrité, le naturalisme était dans l'air, et Richepin chantait une nouvelle bohème, non pas celle de Murger mais celle de la cour des Miracles. L'Artiste, en révolte contre la morale bourgeoise et l'hypocrite poison de la chrétienté, confirme sa vocation de poète violent en 1877 avec "Les Caresses", exaltant la sensualité et l'érotisme, et en 1884 avec "Les blasphèmes", véritable bible de l'athéisme et du nihilisme. Son ton virulent s'apaisera en 1886 avec les poèmes de "
Dès 1873, avec "L'Étoile", écrit en collaboration avec le célèbre caricaturiste de l'Époque André Gill, il avait fait des débuts simultanés d'acteur et d'auteur dramatique ; il paraîtra encore en 1883, aux cotés de Sarah Bernhardt, dans le premier rôle de son drame "Nana-Sahib"; mais son plus grand succès théâtral sera "Le chemineau" en 1897.
Richepin collaborait en outre au Gil Blas, et publiait des romans très populaires, à la fois "psychologique" et naturalistes, comme "
Il publia également plusieurs recueils de contes qui représentent, avec son oeuvre poétique, la partie la plus accessible de son oeuvre pour le lecteur d'aujourd'hui. Les contes des recueils "Les morts bizarres" (1877) "Cauchemars" (1892) et "Le coin des fous" (1921) écrits avec une plume trempée dans le vitriol et le sang, dans la lignée qui va d'Edgar Poe à Villiers de l'Isle-Adam, peuvent être lus comme des contes fantastiques "purs", à la différence de ceux qui sont noyés dans des recueils décrivant un pays ou une époque "Contes de la décadence romaine" (1898), "Contes Espagnols" (1901), ou un milieu, comme le somptueux recueil "
Mais tous mériteraient d'être réédités... !
Infatigable voyageur, on le voyait souvent à Londres, il parcourait l'Italie, l'Espagne, l'Allemagne,
A noter aussi qu'il eut plusieurs enfants dont deux qui reprirent le flambeau artistique : Jacques Richepin (1880-1946) en tant que journaliste, dramaturge ("Cadet Roussel" 1904) et poète ("Mon Coeur") qui a épousé en
Enfin, je me fais un énorme plaisir, en écrivant que c'est grâce à Richepin que nous avons eu "Le Chat Noir", célèbre cabaret artistique où débuta un tas de grands poètes et chansonniers, s'il faut en croire l'extrait du livre de Raymond de Casteras : "Avant le Chat Noir : Les Hydropathes " (Paris.Messein), p.30 : "Le Chat Noir fut l'aboutissement, l'épanouissement des Hydropathes qui étaient nés d'un mouvement poétique très vif provoqué quelques années en ça par '
Attention : des photos rares concernant le cabaret "le Chat Noir", dont une montrant
3. Triste fin... Son entrée à l'Académie française, où il fut reçu par Maurice Barrés le 18 février 1909, consacra une carrière de révolté en quelque sorte officiel, et désormais inoffensif. Il fut élu à l'Académie française en remplacement d'André Theuriet, le 5 mars 1908. Se présentaient contre lui Edmond Haraucourt et Henri de Régnier. Il obtint au quatrième tour 18 voix sur 32 votants et fut reçu le 18 février 1909 par Maurice Barrès. Il devait recevoir à son tour le maréchal Joffre en 1918, et Georges Lecomte en 1926.
J'aime passionnément Richepin mais je dois reconnaître à ses détracteurs qu'il y a un bon et mauvais artiste en lui, ou plutôt, un jeune anar et un vieux con...
Et le mauvais Richepin : c'est celui qui, à rebrousse-poil de tous ses écrits, rentre à l'Académie française et devient, comme beaucoup d'anarchiste esthétisant, et d'anciens combattant de 70, membre des "bourreurs de crâne" , avec, entre autres, Maurice Barrés, pendant la guerre 14-18. Il sera d'ailleurs, à cause de tout cela, l'une des cibles préféré du tout nouveau hebdomadaire satirique de l'époque : "Le Canard Enchaîné".
Pour illustrer ce que peut être un Jean Richepin "vieux con", voici un texte paru en 1900 dans un almanach nationaliste (de la ligue des patriotes ou qqch comme ça), fourni par M. Bernard Coppens :
C'est également en 1914, à Vervins, qu'il se laisse tenter par la politique en tant que candidat aux législatives. Il s'oppose à M. Ceccaldi, radical socialiste, comme républicain de gauche, et sera battu avec 5383 voix contre 7718.
Il écrira jusqu'à la fin de sa vie, et en 1922 et 1923 parurent encore deux recueils en vers : "Les Glas" et "Interludes".
Sa fin qui sera détaillée dans "L'Excelsior", daté du 13 décembre 1926, ainsi : "M. Jean Richepin est mort, hier matin, à 6 heures, dans son hôtel particulier de
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